Route des Tamarins: Des Fondations Allemandes

Source: Journal de l'Ile

ST. DENIS (LA REUNION). À Saint-Paul, au pied des rampes de Plateau-Caillou, c’est un gigantesque chantier qui se met en place. L’objectif : rejoindre le haut de la falaise en construisant un viaduc.

On ne peut pas les manquer. Depuis quelque temps, la première chose que l’on aperçoit en arrivant à Saint-Paul ce sont trois énormes machines ressemblant vaguement à des grues. En fait c’est tout le contraire, il s’agit de foreuses, destinées à creuser la terre et non à élever des charges vers les hauteurs. C’est une société allemande, Bilfinger Berger, qui a posé ses bagages dans l’Ouest. Elle est chargée de construire les fondations des piliers qui soutiendront le viaduc, et c’est pour ça qu’elle a dû ramener avec elle ces énormes foreuses.

 

TRAVAILLER SOUS LES TROPIQUES

C’est en décrochant un appel d’offres que cette entreprise germanique se retrouve aujourd’hui à travailler sous les tropiques. Une situation pas si inattendue que ça pour ces ingénieurs, informaticiens et chefs de chantier issus de la froide Allemagne. “On a l’habitude de partir à l’étranger avec nos équipes. On a déjà travaillé aux États-Unis et à Taïwan” explique Wolfgang Wacht, chef de chantier. C’est un autre visage de la mondialisation peut-être moins connu que les délocalisations, celui d’une entreprise venant mettre sa compétence au service d’un chantier. Mais les employés de Bilfinger Berger ne sont pas mécontents d’être là. “Quand on est parti d’Allemagne, il faisait 5 degrés et en arrivant il faisait plus de 30. Bien sûr il a fallu quelques semaines d’adaptation, mais c’est agréable de découvrir un nouvel endroit, une nouvelle culture” confirment-ils. Ils l’avouent bien volontiers, ces travailleurs du bâtiment profitent de leurs week-ends pour visiter l’île intense. Et ils ne sont pas déçus, les paysages, le climat, la population, tout leur va à ravir. D’un point de vue plus professionnel, il semble que la collaboration avec l’entreprise Razel, maître d’œuvre du chantier, se déroule sous les meilleurs auspices. Les Allemands sont là depuis 5 semaines et ils devraient rester au moins 8 mois. Il faut dire que le travail ne manque pas. Il faut poser les fondations de ce qui sera probablement à l’avenir un des plus beaux ouvrages d’art de la Réunion. Un viaduc qui partira du niveau de la mer pour rejoindre un point situé près de 500 mètres plus haut, bref une véritable rampe de plusieurs centaines de mètres. Bilfinger Berger est là pour forer et établir les fondations des piliers qui soutiendront la chaussée. Un travail qui promet d’être long et qui doit être réalisé avec minutie pour qu’ensuite tout puisse s’enchaîner. “Nous ne sommes encore qu’au début de ce que nous avons à réaliser” confie Ferdinand Stoelben, le géologue de l’équipe.

 

HABITUÉS À TRAVAILLER LOIN DE LEURS BASES

C’est justement pour mener à bien cette mission que trois splendides machines de marque autrichienne ont été acheminées par bateau jusqu’au Port, puis ensuite par convoi spécial jusqu’au chantier où elles ont été assemblées. Il a fallu pas moins de 25 containers pour transporter les foreuses. Des machines qui vont être utilisées pour percer le sol jusqu’à une profondeur pouvant atteindre les 25 mètres. Un coffrage sera ensuite réalisé au moyen d’une pompe pouvant déverser du ciment avec une pression de 500 bars. Bref, il s’agit là de haute technologie contrôlée par informatique, un véritable travail d’ingénierie qui n’a rien à envier aux plus gros chantiers mondiaux. Les techniciens allemands sont logés dans l’enceinte de l’ancien hôpital psychiatrique où ils bénéficient de la climatisation et d’une cuisine. “C’est agréable et pratique, on peut se faire nous même nos plats, même si c’est difficile de trouver ici le même genre de nourriture qu’en Allemagne. Mais ce n’est pas grave, on s’adapte aux produits locaux qui sont aussi très bons” témoignent-ils. Ces hommes sont habitués à travailler loin de leurs bases et ne semblent pas avoir trop le mal du pays. Simplement regrettent-ils parfois de n’avoir pas plus de nouvelles de leur pays. C’est vrai que ce n’est pas facile de suivre l’actualité de l’Allemagne depuis l’océan Indien. Et leurs familles ne leur manquent-elles pas ? “Vous savez, on a l’habitude d’être séparé pendant plusieurs mois, et puis parfois ça a du bon de prendre des vacances de son rôle de père de famille” plaisantent-ils. La bonne humeur est de mise parmi les employés du groupe basé à Manheim. Tous ne sont pas originaires des mêmes régions, l’un vient du Nord et de la frontière danoise quand son collègue est originaire de la Moselle à la frontière française. Ils partagent cependant un point commun, aucun ne parle français, ce qui ne facilite pas la communication lorsqu’on vit dans une région francophone. Peu importe, ils se débrouillent avec l’anglais et ne semblent pas plus perturbés que cela. Après tout ils ne sont pas là pour visiter, mais bien pour travailler. La présence de Bilfinger Berger sur le chantier de la route des tamarins est-elle une nouvelle étape dans l’amitié franco-allemande ? Plus sûrement elle marque la réalité du phénomène de la mondialisation de l’économie auquel participe la Réunion.

 



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By: Journal de l'Ile (La Reunion)/de Adrien Lecompte
05.04.2006 18:39

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